Un parachutiste suspendu à la queue d’un Pilatus Porter

LSGY – Le 28 septembre 1981 sur l’aérodrome d’Yverdon en Suisse, un parachutiste se trouva avec sa voilure accrochée à la roulette de queue du Pilatus. Le sauvetage spectaculaire sera réalisé par un équipage de la REGA à l’aide d’une Alouette III.

L’équipage de la REGA (pilote Andreas Haefele, le treuilliste Adolf Rüfenacht) et l’instructeur para à bord du Pilatus recevront le prix « Crew of the Year » le 20 janvier 1981 à Los Angeles.

On ne connaît pas d’histoire similaire dans l’histoire du sauvetage aérien: un jeune parachutiste se retrouve ballotté en plain ciel, sa voile s’étant enchevêtrée dans la roue arrière de l’avion. Une intervention périlleuse. réalisée avec le concours de la rega, permettra de ramener tous les intervenants sur le sol ferme, sains et saufs, Vingt-cinq ans plus tard, le récit de cette incroyable opération est toujours aussi captivante.

Le 28 septembre 1980, Charles-André Roux, alors âgé de 20ans, effectue son premier saut dans le ciel yverdennois. Comment son parachute a-t-il pu s’ouvrir trop tôt et s’emmêler dans la roue arrière du Pilatus Porter? Difficile de l’expliquer. Suspendu entre ciel et terre, sans possibilité de se dégager, le jeune homme peut uniquement communiquer par gestes avec l’instructeur dans l’avion. Ce dernier lui fais désespérément signe de ne pas tirer sur la poignée de sa voile de secours. En effet, le second parachute se serait à son tour enchevêtré dans l’appareil, entraînant sa chute et celle de ses occupants. Impuissant et désemparé, le pilote survole inlassablement l’aérodrome d’Yverdon à 600 mètres d’altitude. La situation semble désespérée: il est impossible d’atterrir sans dommage. Or le temps presse, le carburant ne permettra pas de tenir plus de 90 minutes.

Décision dans l’urgence

A la Rega, les chefs d’opération sont perplexes. D’emblée l’intervention s’annonce délicate. Cependant, il n’y a pas une seconde à perdre: onze minutes à peine après que l’alerte a été donnée, Andreas Haefele, pilote, et Dölf Rüfenacht, treuilliste, décollent de Berne. Pendant le vol, les deux hommes envisagent diverses options. Lorsqu’ils atterrissent à Yverdon à 15h25, policiers, pompiers et spécialistes, ainsi qu’une ambulance, attendent sur le tarmac de l’aérodrome. Une décision s’impose de toute urgence. Dix minutes plus tard, L’Alouette 3 de la Rega redécolle avec un troisième passager à son bord: Pierre Jomini, instructeur parachutiste, sera hélitreuiller à hauteur de l’infortuné pour évaluer son état de santé et, si possible, couper les sangles de son parachute. Aussitôt libéré, Charles-André Roux n’aura plus qu’à ouvrir sa voile de secours. Voilà pour la théorie.

Dextérité du pilote

Toutefois, dans la pratique, le sauvetage est loin d’être une tâche aisée. Le jeune parachutiste est constament cahoté sous l’effet des remous provoqués par l’avion. Dans l’hélicoptère, Andreas Haefele travail pour ainsi dire à l’aveugle: incapable de voir le sauveteur suspendu par un câble, il doit survoler le Pilatus Porter sur lequel il n’a qu’un visibilité très restreinte. Le temps est compté, les réserves de kérosène sont presque épuisées. Dölf Rüfenacht manipule le treuil et observe avec angoisse le déroulement des opérations. Par radio, il indique au pilote où se positionner. Pierre Jomini essaie à deux reprises d’agripper le parachutiste, sans succès. La troisième est la bonne: hurlant face au vent, il lui fait comprendre qu’il va sectionner les sangles du harnais pour qu’il puisse ouvrir sa voile de secours. Charles-André Roux approuve de la tête et, après quelques secondes, libéré de son piège, tire la poigné de secours. Indemne et soulagé, il se pose dans un champ de pommes de terre. Une chose est sûre, il n’avait pas imaginé que son premier saut serait si mouvementé.

Distinction internationale

Cette incroyable opération aura un grand retentissement aussi bien en Suisse qu’à l’étranger. Elle fait les gros titres dans nombres de médias, qui diffusent même des croquis du sauvetage. Le 20 janvier 1981,à Los Angeles, La Helicopter Association of America décerne le titre de sauveteurs de l’année aux trois membres de l’équipe – Une récompense plus que méritée pour cette mission hors du commun.

Walter Stünzi
(Magazine « 1414 » n°65, novembre 2005)